dimanche 12 août 2012

Ecrire pour surmonter la peine

Roland C. Wagner est mort !
Le monde de la SF est en deuil.
Ses relations, ses amis et ses proches sont atterrés.
L'information vous tombe dessus au petit déjeuner, on refuse d'y croire, mais elle est déjà relayée par les médias locaux et enfle sur la toile par Facebook et Twitter. Dans le monde de l'infosphère, il n'est plus possible d'ignorer un drame. Ça ne change rien. Ce qui est advenu le dimanche 5 août 2012 est irréversible.
Le cerveau est formidable, qui nous permet la mémoire, pour nous souvenir et pour revivre.
Ce n'est pas suffisant face au départ d'un ami, face à son absence définitive de ce monde.
Il faudra nous en contenter pour surmonter notre peine.

Que reste-t-il à l'écrivain pour dépasser le choc, si ce n'est d'écrire ?
Alors j'écris.
J'écris pour que Roland continue à vivre d'une autre façon. Indépendamment de toute croyance religieuse, il y en a pour qui la matière n'est pas l'unique objet de leurs pensées, il y en a qui sont capables de rêver. Ceux-là pourront le comprendre.
J'écris pour témoigner que, si je suis ce que je suis aujourd'hui, c'est en partie à Roland que je le dois. Parce qu'il a contribué à mon osmose avec le fandom dans les années 80, par son exubérance et sa manière d'être.
J'écris pour confirmer ce que tout le monde dit -mais je le dis comme je l'ai vécu- Roland était quelqu'un de fondamentalement gentil, ce que toute personne qui prenait la peine de discuter avec lui de choses un peu sérieuses, ne pouvait manquer de remarquer.
J'écris pour dire ma joie (oui !) d'avoir vécu tous ces moments avec lui, dans et hors des rencontres formelles des festivals de SF (ce n'est pas ceux qui ont coiffé le chapeau vert l'année dernière qui me contrediront).
Enfin (enfin pour aujourd'hui, pas pour l'avenir), j'écris pour dire ma fierté d'avoir été à ses côtés dans la dernière publication de l'association imaJn'ère.
J'aurais préféré que ce ne soit pas l'un de ses derniers textes et qu'il ait pu longtemps nous en proposer d'autres.

Ce n'est pas ainsi.

Il est donc d'autant plus précieux de garder toutes ces choses en nous. Elles ne se fondront dans notre esprit que pour mieux rejaillir dans nos actes. Nous sommes tous un peu les enfants spirituels de Roland. On m'aura compris : je n'évoque pas ici une forme quelconque de gourou.

Comme le dit David S. Khara : "Il ne faut jamais attendre pour dire aux amis qu'on les aime".